Così fan tutte. Wolfgang Amadeus Mozart.

Oper.Grzegorz Nowak, Ryszard Peryt. OGB Biel.

Radio Suisse Romande, Espace 2, Musimag, fin mars 1988.

 

 

"Così" est le chef d'œuvre absolu parmi les opéra Mozartiens. La musique est d'une qualité surprenante: riche, profonde, élégante, mélancolique, savante, ironique – donc à la fois raffinée et simple. C'est un opéra fascinant au point de vue musical. Mais au point de vue scénique, il pose des problèmes. Pour un durée de 2 ½ heures, il n'occupe que 6 personnes. Le sommet de l'action se trouve à la fin du 1er acte. Le 2e acte piétine. Et l'invention base sur une série d'improbabilités insatisfaisantes. Comment se fait-il, pour commencer qu'avec invraisemblable la plus grotesque, que deux jeunes femmes ne reconnaissent pas leurs amants derrière leur déguisement?

 

Chaque mise en scène est donc appelé à trouver une interprétation qui explique et qui justifie les embrouillements et les improbabilités de l'action. À Bienne Ryszard Peryt vient de nous présenter une nouvelle solution.

 

"Così" opéra apocryphe. Un arrière-sens qui demande une lecture attentive aux symboles. "Così" – paradis perdu. Péché originel: "Eritis sicut deus, scientes bonum et malum." Vouloir savoir, si les femmes sont fidèles. L'acte de confiance remplacé par la conviction intellectuelle. Mais qui aime plus profondément? Celui qui croit à l'innocence ou celui qui a besoin de se la faire prouver? Vouloir savoir est l'enfant du doute. Mais une fois sur le chemin du doute, on perd l'innocence, et on perd, selon Ryszard Peryt, le paradis.

 

Montre ce mythe avec des moyens pauvres et élémentaires. Scène ni lieu ni époque, coulisses et toile de fond blancs. Blanc: innocence. Arbre. Pommes rouges. Cueillies. L'action se brouille. Décors blancs remplacés par décors noirs – aveuglement et incertitude.

 

Cadre à la fois intéressant et simple. L'action se réduit sur une douzaine de situations. Reste de la place pour musique. Interprétation musicale empêche que le succès soit parfait. Tient au chef d'orchestre, Grzegorz Nowak. Conception trop froide et trop raide. Chanteurs jeunes, pas à la hauteur de la tâche. Manque de technique vocale.

 

Problèmes de l'opéra déjà relevés à l'époque de la création. 1792, un an après la mort de Mozart, première à Berlin. "Journal des Luxus und der Moden": L'opéra le plus stupide du monde. On va le voir pour sa musique.

 

Stupidité: que les amants ne se reconnaissent pas. Que les hommes sortent et reviennent après dix minutes déguisés en Turcs. Gamme de solutions au cours de deux siècles: Les sœurs remarquent le piège et feignent d'être séduites. Inconvenance: 2e acte, les filles sont obligées à jouer des sentiments qu'elles ne peuvent plus avoir, alors que la musique raconte que le jeu des attractions est sérieux. Autres solutions: Don Alfonso, magicien, Despina, Ariel. Inventé un long voyage avant que les hommes reviennent déguisés. – Un stage-manager explique la pièce aux chanteurs, de façon que les acteurs racontent une fable convenue. – Remplacer le texte par un nouveau libretto. Barbier et Carré ont adapté une comédie de Shakespeare.

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